Ecole à Beni Amar

Publié le par Monadjudantchef

La vie, les êtres sont complexes (ce qui en fait leur richesse) la colonisation française en Algérie est faite de contradiction qui empêche de se fourvoyer dans de nombreux clichés...

J'ai été scolarisé dés l'âge de neuf ans jusqu'à 14 ans. Mon premier instituteur avait pour nom Monsieur Perret. Le matin l'enseignant nous instruisait dans des conditions normales mais l'aprés-midi, M. Perret était ivre et les leçons avaient un goût amer. Tantôt les coups pleuvaient pour un oui, pour un non tantôt nous passions ce temps-là à desherber son jardin tantôt à nous promener sans rien apprendre de particulier.

Une fois, je suis allé au tableau pour écrire un problème qu'il me dictait mais c'était la première fois que je devais écrire et je n'avais aucune notion de la chose. Je reçus mon premier coup de bâton sur les jambes puis un deuxième jusqu'à ce que mes jambes soient en sang. Lorsque je suis rentré à la maison dans cet état, mon père en lot de consolation m'a administré une claque dont je me souviens encore et un coup de pied.

Cet instituteur a été remplacé par Monsieur Le Breton et l'instruction scolaire nous fut plus douce.

Lorsque je dis nous, je parle des arabes et spécialement des garçons arabes. L'école était divisé en plusieurs classes : une classe était destinée aux arabes GARCONS et une autre destinée aux européens filles et garçons (maltais, grecs, espagnols, français).

Curieusement, mon père souhaitait envoyer mes soeurs à l'école mais les européens le refusaient. Seules les deux filles du Pacha de la région eurent le privilège de suivre une scolarité. Mais elles devaient exclusivement suivre les leçons avec les européens.

Je n'ai jamais eu de ressentiments ni ressenti de véritables différences de traitement entre les européens et les arabes. En fait, en dehors de l'école, les différentes communautés se mélangeaient sans à priori. La tenancière du bar du village servait arabe et européen avec la même indifférence, la même gentillesse. A la sortie de l'école, nous jouions les uns avec les autres et on me laissait jouer avec Mireille, la fille du propriétaire des terres que mon père cultivait.

Seul le Pacha nous snobait et ne nous adressait pas la parole nous faisant ressentir que nous n'étions pas de la même classe sociale.


Publié dans Journal intime

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